Le point de vue de la Voix du Nord
Avec ses dentelles imprégnées d’argile, Monelle Binet, professeur de sport, cherche à montrer le chemin du jardin d’Eden depuis la campagne arrageoise.
Dans la grange qu’ils sont en train de transformer en habitation, avec son mari à Écoivres (hameau de Mont-Saint-Éloi, au nord-est d’Arras), il y a encore « pour trois à quatre ans de boulot ». Pourtant Monelle Binet, 57 ans, s’isole dès qu’elle a « une heure » pour créer dans son coin. Une table en bois, des paquets d’argile, un sac de vieilles dentelles, et une minichaîne, « pour écouter Mozart. » C’est comme ça que Monelle Binet fait le vide après sa journée de prof d’éducation physique et sportive au lycée Gambetta d’Arras. « Mon atelier n’est pas un lieu de travail, plutôt un espace de bonheur qui me procure un épanouissement. » Une paix intérieure qu’elle cherche à extérioriser à travers ses tissus chargés d’argiles ocre, terreux, ou aux couleurs patinées. Support qu’elle utilise pour poser l’empreinte de messages en arabe ou en hébreu. « Ce sont des paroles de femmes, oecuméniques, de paix. Ce qui m’intéresse, c’est l’intemporel. Je retrouve ça avec les écritures, la terre, les couleurs vieillies… »
« Pour évoluer »
Monelle Binet expose bien de temps en temps avec un groupe de copains artistes dans une galerie arrageoise, ou à la faveur d’un jumelage avec une ville allemande. Mais elle aimerait montrer son travail plus souvent, en divers lieux, « ne serait-ce que pour évoluer. C e qui me plaît, c’est faire, et rencontrer des gens autour de mon travail. Vendre, ça ne m’intéresse pas… mais c’est quand même une reconnaissance, que quelque chose qui a demandé des heures de travail plaise à ce point à quelqu’un. C’est la première année que je reçois chez moi, avant je participais à l’opération, mais dans une galerie. J’aime surtout quand les gens expriment leurs émotions, pas quand ils s’intéressent uniquement à la technique." Les portes ouvertes lui offrent ce contact avec le public dont elle a besoin.
D. M.